Lorsqu'on est sur scène un silence de trois secondes paraît une éternité, si bien qu'on a une envie subite de le combler, quitte à être hors sujet.
Or, si le silence est "joué" il n'y a pas de quoi paniquer d'autant plus que dans certaines scènes de certaines des silences s'imposent comme faisant partie du jeu au même titre que les dialogues ou les didascalies.
Bien souvent, par peur de ce silence ou par peur de perdre le fil, les comédiens enchaînent les répliques ou les actions les unes après les autres sans laisser le jeu s'installer par le silence.
Le silence peut permettre de faire passer une émotion, un malaise, une incompréhension...
Si le temps nécessaire a ce jeu est tronqué, l'effet ne sera pas perçu par le spectateur. En soi, ce n'est pas très grave, mais cela peut faire la différence dans l'interprétation.
Une petite astuce pour obliger de respecter le temps de silence nécessaire consiste de demander aux comédiens d'attendre le "go" du metteur en scène pour enchainer la réplique qui suit ce temps de silence. Et, pour être réellement efficace, le metteur en scène s'appliquera au départ à laisser le double de temps que nécessaire. Par exemple, si le temps estimé pour laisser passer une émotion est de cinq secondes, en répétition, le metteur en scène attendra dix secondes avant d'autoriser les comédiens à poursuivre. Certes, cela paraitra très long aux acteurs, mais lorsqu'ils seront en représentation, ce temps sera systématiquement écourté (à cause de la peur du vide, de l'anxiété...).